Je suis une maman horrible qui adore terroriser ses gnomes. Nan, j’exagère. Mais tout à l’heure, j’ai imité le tigre en criant « graouuuu ! » et en faisant semblant de vouloir croquer mon Choupi. Celui-ci m’a tout de suite repoussée en s’exclamant : « Non Maman, tu ne peux pas me manger, tu peux juste boire ton Mojito« . Bien vu, fils.
Hier soir, j’ai également joué à effrayer ce pauvre Choupi qui a un peu peur du noir. J’ai pris sa veilleuse – lampe torche et je l’ai mise de façon à éclairer mon visage (j’étais démaquillée en plus, lol) et j’ai fait une affreuse grimace en disant « croc, croc, crooooc ! » Puis j’ai pris son doudou raton-laveur, j’ai hurlé comme un loup et j’ai fait mine d’en croquer un bout. Choupi a poussé un cri strident : « Noooooooooooon ! Tu ne manges pas les enfants et les doudous, tu ne manges que des petits pois et des carottes« . Et Poupette d’ajouter : « et du steak, et des saucisses !« .
Bon vous allez me prendre pour une maboule sadique mais mes gnomes m’éclatent avec leurs réactions souvent surprenantes. Par exemple ce soir, alors que je demandais à Constance si elle voulait une petite soeur, Alex a balancé : « moi je ne veux pas d’enfant car ça attire les moustiques !« . Logique !
Je pense que c’est une étape incontournable d’avoir peur, et qu’il est important d’expliquer aux enfants comment réagir de façon rationnelle face à une peur irrationnelle. Par exemple, s’ils ont peur du noir, on leur met une veilleuse et on leur explique qu’il n’y a pas de monstres sous leur lit. S’ils ont peur du loup, on leur lit des histoires rassurantes à ce sujet comme Le loup qui voulait changer de couleurs ou alors on les emmène au zoo et on leur explique que le loup n’est pas méchant, qu’il se contente de chasser pour manger.
Tiens, je viens de demander à mon fils de quoi il avait peur, et il m’a répondu « des tigres, des lions et des loups« . Et quand je l’interroge : « est-ce que tu as peur du noir ?« , il me répond : « non parce qu’il y a des veilleuses« . A moi donc de lui apprendre qu’il existe une solution pour calmer à peu près chaque peur.
Je me suis souvent demandée pourquoi certains contes pour enfants étaient aussi cruels, aussi sombres. Le Petit Poucet notamment, c’est horrible comme histoire ! Je ne me vois pas la raconter à mes enfants, ils sont encore trop jeunes. Pourtant, les psychologues pour enfants expliquent que c’est important de raconter des histoires qui font peur pour le bon développement de l’enfant. Cauchemarder permet peut-être d’exorciser ses peurs ? Franchement je suis mitigée. Il y a certaines histoires qui ne sont peut-être pas vraiment appropriées pour des enfants facilement impressionnables…
Moi par exemple, j’ai toujours détesté Pinocchio, je trouve ça glauque comme histoire. Même maintenant, en étant adulte, je n’irais pas regarder ce dessin animé sauf si j’étais forcée. Je ne ressens aucun plaisir à voir des personnes souffrir injustement. Je préfère des choses plus légères comme L’âge de Glace, Rio, Planète 51, Tempête de boulettes géantes…
Le premier film que mes parents m’ont fait voir au cinéma, c’est L’Ours, de Jean-Jacques Annaud. Je me souviens encore d’avoir pleuré comme une madeleine quand la mère du petit ourson est morte brutalement. Ca m’a vraiment marquée. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais ça m’a marquée positivement. J’ai commencé à me poser des questions sur la mort, sur le fait que tout n’était pas toujours rose, que tout n’était pas toujours juste.
Un autre long-métrage qui m’a procuré cette même sensation, c’est Le Roi Lion. Et pourtant j’étais ado. Mais la mort du père de Simba a généré en moi une peine intolérable. C’est le mélange de la mort et de l’injustice que je ne supporte pas, même si ce n’est pas forcément une histoire vraie. Quelque part en écrivant ces mots je comprends pourquoi il m’arrive encore de cauchemarder à propos du décès de mon père. Une mort brutale, injuste. De toute façon si l’on y réfléchit bien, existe-t-il des morts justes (hormis celle du Roi Jeoffrey dans Game of Thrones) ?
Quelque part, j’ai toujours ressenti avec une extrême sensibilité toutes les injustices de ce monde. C’est peut-être pour cela que j’ai fait du droit… On voudrait protéger nos enfants, pour qu’ils ne ressentent pas la douleur, mais les surprotéger n’est pas forcément leur rendre service car il faut se forger une carapace, il faut se blinder étant jeune pour être en mesure d’affronter la vie. Alors oui, c’est peut-être pour cela qu’il existe autant d’histoires tristes, autant de dessins animés mettant en scène des monstres et il faut les regarder, petit à petit, en expliquant à nos enfants le pourquoi du comment….
complètement d'accord… je me dis que malheureusement ces histoires représentent une réalité de la vie donc… cacher ou non… dire ou non… je préfère tellement expliquer à ma fille qu'elle le découvre par elle même mais je n'ai pas envie d'éveiller ces peurs trop tot… bref! je me mors la queue 😉
Et oui c'est compliqué car il faut trouver le juste milieu entre les éduquer à la peur tout en les préservant des choses trop difficiles à voir et à entendre. Je pense qu'on doit leur lire des histoires tristes de temps en temps pour leur montrer qu'il n'y a pas toujours de "happy end". Après il faut voir à quel âge il faut commencer cette "éducation de la peur", ça va dépendre de l'enfant, de son tempérament.
Encore un bel article 😉 Je me suis également posée la question par rapport aux contes pour enfants qui sont parfois très cruels et je pense qu'ils permettent d'habituer les enfants à des choses difficiles, ils permettent d'aborder tout un tas de problèmes d'une façon plus ou moins directe. Mais j'suis ok avec toi par rapport au petit poucet, c'est une histoire qui risque difficilement d'avoir un ancrage dans la réalité, du moins plus de nos jours et heureusement ! Amitiés.