J’ai peur

Il y a des jours comme ça oĂč l’on a une boule au ventre, sans vraiment savoir pourquoi. Parce qu’on a peur, peur de perdre quelque chose, quelqu’un, je ne sais pas, c’est assez indescriptible. Une angoisse qui t’envahit et t’empĂȘche de penser sereinement, rationnellement. Parfois on a des Ă©toiles plein les yeux, on a les pieds qui dĂ©collent du sol, et parfois -plus rarement heureusement-, on redoute l’avenir.

L’avenir au sens large, l’avenir mondial, et l’avenir personnel aussi. On pense Ă  ces gens qui ont perdu leur enfant. On pense Ă  cet homme qui est mort en glissant sur un trottoir. On pense Ă  ces personnes intubĂ©es et dans un Ă©tat grave pour avoir mangĂ© de la tapenade contaminĂ©e.

Et lĂ  on se demande mais pourquoi la vie peut devenir aussi cruelle ? J’ai toujours Ă©tĂ© convaincue qu’il Ă©tait important de garder en tĂȘte qu’à tout instant, notre vie peut basculer, que l’on peut tout perdre. Cela permet aussi de mieux profiter de son bonheur. Savoir qu’il n’est pas acquis pour toujours, savoir que la vie comporte une large part de chance ou de malchance, qu’on ne peut pas tout contrĂŽler, qu’il y a du non-sens dans chaque existence.

Je pense que notre rĂŽle de parent consiste aussi Ă  prĂ©parer nos enfants Ă  affronter leurs peurs (par le biais des contes notamment). Il faut aussi leur dire qu’il ne faut jamais abandonner tant qu’il y a de l’espoir, et qu’il faut savoir se remettre en question, toujours.

J’aime me dire que « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort« , c’est une façon d’accepter les Ă©preuves qui jalonnent notre chemin. Certains en ont plus que d’autres. Je repense Ă  cette femme qui Ă©tait avec nous Ă  la prĂ©paration religieuse de notre mariage, et qui, quelques semaines avant le jour J, le jour qui devait sceller leur amour, a brusquement perdu son fiancĂ©. Rupture d’anĂ©vrisme. Une mort brutale, inattendue, qui a choquĂ© tout le monde. Comment a-t-elle surmontĂ© cela ? Comment croire en l’existence d’un ĂȘtre d’amour lorsqu’on est confrontĂ©s Ă  une telle horreur ?

Beaucoup de dĂ©portĂ©s ont perdu la foi. Trop de souffrances, trop d’inhumanitĂ© dans ces camps de la mort. Et c’est vrai qu’on a du mal Ă  imaginer que tout cela pourrait faire partie d’une sorte de dessein universel. Pourtant je garde la foi ? Pourquoi ?  Aucune idĂ©e, elle est lĂ , c’est tout ce que je sais. Elle m’aide quand j’ai peur. Mais peut-ĂȘtre que si je vivais un terrible drame, je la perdrais


Certains au contraire sont devenus croyants aprĂšs avoir vĂ©cu un traumatisme comme un  deuil. Alors qu’en penser ? La tristesse nous rapproche-t-elle de Dieu, ou bien au contraire nous en dĂ©goĂ»te-t-elle ? Chacun rĂ©agit diffĂ©remment


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  • AnnaPoubelle
    06/09/2011

    J'ai foi en l'ĂȘtre humain, se serait trop triste sinon; en Dieu je sais pas, ça dĂ©pend des jours



  • La MĂšre Cane
    06/09/2011

    Je ne sais pas quoi te dire. Mais je pense vraiment que si l'on se tourne vers Dieu seulement par peur ou par chagrin il y a un souci. Le monde est plein de beauté et Dieu est en tout!


  • ClĂ©mence
    06/09/2011

    @ AnnaPoubelle : c'est bien dd'avoir foi en son prochain.

    @ La mÚre Cane : pourtant c'est souvent dans l'épreuve que l'homme se tourne vers une instance supérieure
 Sont-ce de "mauvais croyants" ?


  • French Girl In London
    06/09/2011

    Oh ben dis-donc la miss c’est bien profond tout ça! et puis il n’y a pas de rĂ©ponse
 depuis le temps qu’on se pose la question. C’est dur d’accepter de ne pas contrĂŽler tous les alĂ©as de la vie « carpe diem quam minimum credula postero» 😉


  • Maryvonne Liegaut
    09/09/2011

    Moi aussi, j' ai souvent peur
.
    Losque j' avais 16 ans, mes parents, mon frÚre et moi avons failli mourir dans un trÚs grave accident de la route. Il n'y avait pas d' aide pycho à l' époque.
    Alors l' angoisse est restĂ©e. Les anxiolytiques, je connais, Ă  petite dose, mais quand mĂȘme. J' ai constamment la trouille pour les miens.
    Le beau cÎté, c' est qu' on s'en est sorti, merci mon Dieu. Et là chaque jolie chose de la vie, tu l' apprécies au centuple !
    Profiter de chaque jour, chaque heure, chaque minute
.
    Bisous Christelle <3


  • Vaallos
    22/09/2011

    Je n'ai pas la foi et ne l'ai jamais eu. Je crois que je suis une agnostique : j'aimerais croire, je crois peut-ĂȘtre en quelque chose au fond de moi, mais je ne trouve pas d'Ă©cho dans les religions que je connais.

    La peur me guette. Lorsque je pense à la mort, à la maladie, pour moi, pour mon entourage. J'ai envie de me dire "mais non, pas moi, pas lui, pas elle". Et pourtant si, ça peut nous tomber dessus. J'essaie alors de penser à autre chose. Sombrer dans la peur ne m'apporterait rien
 ou alors c'est parce que je n'ai pas le courage d'aller voir ce qu'il y a dans ce trou noir.
    J'essaie juste de me dire que, sans vivre dans la peur, avoir conscience que les bonnes choses qu'on a ne sont pas un dû, il faut les aimer, les chérir et les cultiver, pour mieux en profiter.

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