Ce ventre tout doux que je caresse lentement. Je sens des à-coups, comme si quelque chose de vivant était à l’intérieur. Cela bouge, j’ai l’impression qu’on écrase mes organes, cela me retourne les tripes. C’est assez déconcertant mais en même temps tellement rassurant. Pendant tout le premier trimestre, on craint la fausse couche, ou un mauvais résultat suite à la prise de sang pour détecter la trisomie 21. On essaie d’être sereine, car il ne faut pas que bébé sente notre angoisse. Mais parfois on ne peut pas s’empêcher de penser au pire…
Suite à mon accouchement prématuré en 2009, j’ai été suivie de près lors de ma deuxième grossesse en 2010, dans une maternité de niveau 3. Pas de cerclage du col, mais beaucoup de repos et même l’alitement dès 22 semaines d’aménorrhée (22 sa). Et puis il y a eu ces contractions, nombreuses, à 25 sa (voir mon article sur les contractions). Nous sommes allés aux urgences de la maternité, mon col était était à moins de 30mm et sur le monitoring on voyait bien des contractions importantes et régulières. On m’a dit qu’on allait m’hospitaliser. J’étais sous le choc, j’avais terriblement peur car à ce terme les chances de survie sont infimes et le risque que le bébé souffre de handicaps sévères est élevé. J’ai prié, j’ai pleuré, j’ai parlé avec mon mari, et on leur a dit qu’en-dessous de 26 sa, on ne voulait pas qu’ils tentent l’impossible pour réanimer le bébé s’il venait à naître… Une décision tellement difficile à prendre…
J’ai passé deux semaines à l’hôpital, on m’a fait la cure de corticoïdes pour maturer les poumons du bébé, mes contractions se sont heureusement arrêtées grâce à la perf et au traitement tocolytique. J’ai repris confiance. La pédiatre de néo nat qui est venue me voir à l’hôpital était celle qui s’était occupée de mon fils en 2009. Voir son visage fut très rassurant. Elle m’a expliqué que j’accoucherai très probablement prématurément comme pour Choupi, que ma poche des eaux romprait à cause de mes nombreuses contractions, mais que c’était déjà bien si je passais le cap des 28 sa, que les bébés avaient de meilleures chances à ce terme, et que l’idéal serait de tenir jusqu’à 32 sa car au-delà, c’est de la prématurité légère. Elle m’a aussi expliqué que les filles prématurées s’en sortaient généralement mieux que les garçons, et que je devais me fixer des petits caps et ne pas culpabiliser quoiqu’il arrive.
Au début j’ai eu extrêmement peur, je rayais chaque jour qui passait sur mon agenda pour me motiver, et à chaque crise de contractions, j’avais l’impression que la poche des eaux allait rompre. J’étais convaincue que je ne tiendrais pas jusqu’au 37 sa. Je ne pouvais m’empêcher de stresser… J’ai suivi à la lettre les consignes des médecins, je ne me levais quasiment pas de la journée, je dormais sur le côté gauche, je ne faisais plus aucune course ni aucun ménage (je vous laisse imaginer le bordel à la maison), mais malgré tout ça, deux semaines plus tard, rebelote, des contractions douloureuses et régulières, mon col s’est ramolli, on me réhospitalise, environ 8 jours. La perfusion fait son effet, je n’ai plus de contraction, je rentre chez moi. Et toujours pareil, environ 15 jours à domicile puis, rebelote. La gynécologue m’a expliqué que la perfusion de Loxen pendant 48h permet d’assouplir et de détendre tous les muscles pendant une quinzaine de jours, ce qui explique pourquoi je revenais toutes les 2 semaines…
Pour être honnête, j’aimais assez être hospitalisée, je me sentais en sécurité là-bas, je voyais quotidiennement un flot de personnel soignant (gynécologues, infirmières, sage-femmes, aide-soignantes…) qui était à mon écoute et qui modulait mon traitement en cas de contractions. Et comme un accouchement prématuré va généralement très vite, au moins j’étais sur place… J’appréciais également la présence des « dames en rose », de charmantes personnes qui passaient nous voir chaque semaine au service des grossesses à haut risque pour nous apprendre à coudre (des doudous) et à broder (des bavoirs, bodies, couvertures)… Il y avait aussi une autre dame qui passait nous prêter des livres, et même une esthéticienne qui nous faisait gratuitement un soin du visage ou une manucure une fois par semaine. Lorsqu’on est hospitalisée et qu’on craint pour la santé de son bébé à naître, ce genre d’activité permet de décompresser, de penser à autre chose… Un grand merci à toutes ces personnes en or.
Honnêtement, hormis le fait qu’on soit obligée de partager sa chambre avec quelqu’un d’autre (pas de chambre individuelle faute de place), la maternité de l’hôpital Antoine Béclère à Clamart (92) est vraiment bien et très sécurisante (niveau 3). Les chambres ne sont certes pas luxueuses (il n’y a pas de douche privative dans chaque chambre) mais le personnel est agréable et surtout très compétent, et le service de réanimation néo nat est à la pointe et jouit d’équipements récents. Mais je vous parlerai de cet univers dans un autre article…
J’ai eu la chance d’avoir 2 voisines de chambres très agréables lors de mes hospitalisations durant cette deuxième grossesse, et 3 autres ne m’étaient pas sympathiques : une n’avait pas du tout le même rythme que moi et matait la télé de 8h à minuit, une autre ronflait affreusement et une autre avait chaque jour au moins 4-5 visiteurs qui papotaient pendant des heures et je ne pouvais pas me reposer tranquillement…
Et puis de 15 jours en 15 jours, j’ai dépassé les 32sa, j’ai eu une seconde cure de corticoïdes au cas où, mais heureusement plus de contraction avant 34+5sa. Ma gynécologue, qui dirige le service de diagnostic anténatal et le service d’obstétrique et de grossesse à haut risque était de garde cette nuit-là. Heureusement car l’interne qui m’avait examinée m’avait dit de rentrer chez moi, qu’à partir de 34sa, on ne faisait plus grand chose… Ma gynéco est arrivée au moment où j’allais quitter les urgences, et, après avoir regardé le tracé du monitoring, elle m’a retenue par le bras en me disant : « non, non, non, ma belle, vous restez avec nous, on va refaire une perf de Loxen pour essayer de gagner encore 2 semaines« . Je l’aurais embrassée tellement j’étais heureuse et soulagée !
Et effectivement, ça a marché, puisque j’ai accouché de ma belle petite princesse à 38+3 sa ! Un accouchement merveilleux, naturel, et ma belle poupée était magnifique ! La vie peut se montrer dure mais elle nous offre aussi de sacrés miracles qui nous emplissent de joie et d’amour…
A toutes les mamans et futures mamans qui sont en MAP, je leur souhaite du courage, une grossesse aussi longue que possible (bon, pas plus d’un an quand même) et plein de bonheur ! Il ne faut jamais désespérer, on peut se retrouver avec un col ouvert à 1 à 6 mois de grossesse et n’accoucher qu’à 40 sa. Il faut du repos, du calme, et rester allongée et aussi confiante que possible.
NB : j’ai créé une page de collecte de fonds intitulée « Aidons les prématurés » au bénéfice de la fondation PremUp, qui rassemble un réseau d’équipes de recherche et de soins de très haut
niveau se consacrant à la protection de la femme enceinte, à la
prévention de la prématurité et au traitement de ses complications. Elle est aussi à l’origine de la Marche des bébés, un évènement caricatif unique en France qui a déjà permis de récolter plus 800.000€ depuis sa création en 2011.
Voici le lien : http://marchedesbebes2013.alvarum.net/christelle-topproduitsbebe
Chaque don, aussi infime soit-il, est le bienvenu. Grâce au système de réduction d’impôt (le
donateur peut déduire 66% du don de son impôt sur le revenu à payer,
tant que le total des dons de l’année est inférieur à 20% du revenu
imposable), pour un don de 50€, vous ne payez en réalité que 17€. Pour un don de 100€, vous ne payez que 34€ et pour un don de 20€, vous ne payez que 6,80€.
Les petits ruisseaux forment les grandes rivières alors donnez un petit quelque chose svp 🙂
Bonjour, je te lis et je me retrouve dans tes paroles. J'ai accouhé à 36sa+2 de ma première et à 34+5sa de ma seconde. Aujourd'hui, bien que toutes les deux se portent à merveille, on hésite à en faire un autre de peur qu'il ne naisse encore plus prématurément. Bon courage à toutes les mapettes !
Je pense qu'il faut parfois vaincre sa peur, tu seras sûrement suivie de très près pour éviter la MAP ! Demande conseil à ton gynécologue, il est le plus à-même de te rassurer !